À l’école en Cisjordanie

Comment le stress vécu en contexte de violence politique influence-t-il les capacités d’apprentissage des élèves palestiniens?

Par Claude Gauvreau

2 octobre 2025 à 10 h 13

On connaît déjà les effets nocifs générés par certains types de violences (familiale, notamment) sur le développement des enfants, mais beaucoup moins ceux associés spécifiquement à la violence politique et aux conflits armés. Grâce à une subvention du CRSH (programme Savoir), le professeur du Département de didactique Olivier Arvisais (M.A. science politique, 2013; Ph.D. éducation, 2020) cherchera à comprendre les effets de ces environnements hyper stressants sur les capacités d’apprentissage des enfants palestiniens en Cisjordanie. Son équipe de recherche analysera les interactions entre les facteurs de vulnérabilité au stress, les niveaux de bien-être psychologique, les habiletés cognitives et l’apprentissage, et identifiera les meilleures interventions psychosociales pouvant aider les élèves palestiniens du primaire à faire face aux répercussions de la violence armée.

La recherche se déroulera sur le terrain, en Cisjordanie, où vivent 3 millions de Palestiniennes et Palestiniens, dont la moitié a moins de 21 ans, ainsi que 700 000 colons israéliens, installés dans 141 colonies considérées illégales au regard du droit international. Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, en octobre 2023, la Cisjordanie est le théâtre de nouvelles vagues de violence et d’opérations militaires, dont les impacts sur les enfants sont considérables. En 2019, on estimait déjà que 51 % des enfants souffraient du trouble de stress post-traumatique, d’anxiété, de troubles du sommeil et de dépression. Pour aider les enfants, leurs parents et le personnel enseignant ne cessent de réclamer une amélioration du soutien psychosocial et davantage de ressources, tant à l’école qu’à l’extérieur du milieu scolaire.

En Cisjordanie, les enfants palestiniens sont quotidiennement exposés à différentes formes de violence, souligne Olivier Arvisais, qui est aussi coprésident du comité scientifique de la Chaire UNESCO de développement curriculaire et membre de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire. «Depuis plusieurs années, les altercations violentes entre l’armée israélienne et des groupes palestiniens sont très bien documentées par les Nations Unies. De plus, les enfants sont confrontés aux comportements agressifs de colons israéliens armés qui, pour la plupart, sont des extrémistes religieux. Nous allons évaluer dans quelle mesure ces phénomènes se sont accrus depuis la guerre à Gaza.»

Selon le professeur, le projet de recherche marque une «étape clé dans le développement des connaissances sur le rôle de l’éducation comme facteur de protection et de résilience pour les enfants vivant dans un contexte de violence politique ou d’affrontement armé». Le projet s’inscrit dans le prolongement d’une étude exploratoire, menée en Cisjordanie et à Gaza, pour laquelle Olivier Arvisais avait aussi obtenu un financement du CRSH en 2022. «La nouvelle recherche permettra de valider des hypothèses, de confirmer ou infirmer des phénomènes que nous avions entrevus lors de la première étude, précise-t-il. Elle sera plus robuste, plus étendue dans le temps, soit sur une période de quatre ans, et comportera un échantillon beaucoup plus large.»

Article complet – ActualitésUQAM